La lettre encyclique Fratelli Tutti du Saint-Père François… …en ayant à l’esprit les habitants de la Terre Sainte
Albert Evrard s.j.
Capsule 2 : Se préparer à la lecture
Se préparer pour notre lecture ensemble de l’encyclique Fratelli Tutti. Tout d’abord, il s’agit de se préparer. Etant une lettre, l’encyclique n’a pas de sommaire. Normal. Avant toute lecture, il peut être alors intéressant de s’en constituer un. Ce pourrait être un plan de la lettre en chapitres et sous chapitres, ou un plan qui réponde à notre objectif, c’est- à-dire qui n’hésite pas à renverser l’ordre de chapitres ou groupe de points, par exemple.
Ensuite, un coup d’œil aux 288 notes de référence, se trouvant à la fin du texte, permet d’observer que certains textes cités dans cette lettre, ont été dit en Terre Sainte même ou concernent celle-ci, de manière directe ou indirecte.
Les références directes au pèlerinage du Pape en Terre Sainte (mai 2014) sont peu nombreuses mais indicatives. D’un côté, il y a dans le chapitre 7 « Des parcours pour se retrouver », deux lieux cités : Bethléem (discours aux Autorités) et Jérusalem (Déclaration commune du Pape François et du Patriarche Œcuménique Bartholomée). De manière centrale, est abordée la paix à travers la recherche de parcours « qui conduisent à la cicatrisation des blessures » (FT n° 225). D’un autre côté, dans le chapitre 8 « Les religions au service de la fraternité dans le monde », deux lieux cités : Tel Aviv (discours de bienvenue) et Jérusalem (discours au Mémorial Yad Vashem). Ici, c’est l’établissement « de l’amitié, la paix, l’harmonie » et le «partage des valeurs ainsi que des expériences morales et spirituelles dans un esprit de vérité et d’amour » auquel sont invitées les personnes de différentes religions en ce qu’elles valorisent les personnes et le dialogue (FT n° 271), dans le respect de l’identité de chacun et contribuent ainsi à la paix dans un contexte de « guerre mondiale par morceaux » (FT n° 259).
Les yeux fixés sur les habitants la Terre Sainte (actuellement Palestine, Israël, Jordanie, Chypres) mais aussi d’autres lieux bibliques (Egypte, Liban, Syrie, Turquie), ces deux chapitres paraissent se trouver au cœur de la méditation qui peut être la nôtre. En somme, elles posent la question d’un « mode de vie au goût de l’Evangile » (FT n° 1), en ayant à l’esprit les lieux de l’Evangile visités ou vus, les personnes qui y ont été rencontrées, et un style de vie, comme chevalier ou dame.
Quant aux références indirectes, plus nombreuses et dont l’importance se mesurera à la manière dont cela résonne en nous, elles viennent de l’association faite progressivement à la lecture, par l’esprit, l’intelligence, la mémoire et la volonté, centrés sur les réalités que nous connaissons de la Terre Sainte et ses habitants. Si la lecture continue suggère que certains points relevant d’autres chapitres puissent avoir une place particulière dans notre méditation, la place que prend un point ou un autre est fondamentalement différente pour chacun…
Enfin, peut-être est-il bon d’entrer dans la lecture méditative en ayant à l’esprit la racine, la visée et le contexte de l’encyclique.
Concernant la racine. A un niveau fondamental, il y a la charité, qui ne va pas sans la foi et l’espérance, et les Ecritures, en particulier, la parabole du Bon Samaritain (FT n° 56-86- chapitre II : « un étranger sur le chemin »). Il y a aussi l’inspiration à la vie et au style d’être avec les autres (FT n°48, 50), dans la création, en lien constant avec le Seigneur. Il y a enfin, « le rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots » (FT n° 6).
Concernant la visée. L’un pourra trouver que le document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, issu de la rencontre d’Abu Dhabi, à l’occasion du voyage apostolique du Pape François aux Émirats Arabes Unis (3-5 février 2019)1. Cwertains préféreront situer ce voyage du côté de la racine, par son contenu qui serait prolongé, davantage développé dans l’encyclique. D’autres, au contraire, pourra trouver qu’il s’agit de la visée, dans la mesure où le Pape François écrit dans l’encyclique (FT n° 5) qu’il la situe dans le prolongement du document d’Abu Dhabi, qui lui-même fait écho à des prolongements nécessaires : « De ces échanges fraternels et sincères, que nous avons eus, et de la rencontre pleine d’espérance en un avenir lumineux pour tous les êtres humains, est née l’idée de ce « Document sur la Fraternité humaine ». Un document raisonné avec sincérité et sérieux pour être une déclaration commune de bonne et loyale volonté, destinée à inviter toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine, à s’unir et à travailler ensemble, afin que ce Document devienne un guide pour les nouvelles générations envers la culture du respect réciproque, dans la compréhension de la grande grâce divine qui rend frères tous les êtres humains » (Avant-propos). Il y a certainement des deux. La question n’étant pas tant de pondérer la place dans la racine ou la visée de l’encyclique. C’est surtout de retenir ce qui peut soutenir notre propre démarche individuelle et collective de chrétiens, Dames et Chevaliers, en Occident, cherchant à vivre avec un cœur qui bat au rythme de celui de nos frères et sœurs se trouvant en Orient.
Au-delà de ces aspects important, il importe surtout d’entrer dans l’encyclique avec
« un cœur large et généreux », comme le dit Ignace de Loyola, un cœur qui ne met pas de limite, un cœur disponible, ou encore avec « un cœur sans limite capable de franchir les distances […] » (FT n° 3), « une ouverture d’esprit et de cœur » (FT n° 147), en cherchant la « raison pour élargir le cœur de manière à ne pas exclure l’étranger » (FT n° 61). L’encyclique nous y invite et c’est un autre moment de cette préparation qui importe.
Entrons dans la lecture…
La progression dans les chapitres, pourrait en être la suivante. Pour chaque chapitre, chacun, chacune, lit de son côté le chapitre prévu, avec la ou les lectures complémentaires s’il y a lieu. Pour chaque moment de la progression, des questions
1 Sa Sainteté Pape François, Grand Imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, à l’occasion du voyage apostolique du Pape François aux Émirats Arabes Unis (3-5 février 2019, Abou Dabi, le 4 février 2019. Sur le site : http://www.vatican.va/content/francesco/fr/travels/2019/outside/documents/papa- francesco_20190204_documento-fratellanza-umana.html
sont proposées. On prépara à l’avance des réponses possibles. On est aussi invités, si l’inspiration vient, à formuler ses propres questions au fur et à mesure de ses lectures ou de la lecture en commun. On pourra enfin terminer par un moment de partage.
Aussi se préparer, préparer son cœur, c’est le moment de confier cette démarche au Seigneur. Commençons peut-être à le faire avec la deuxième prière qui se trouve à la fin de l’encyclique.
Prière au Créateur
Seigneur et Père de l’humanité,
toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité, insuffle en nos cœurs un esprit fraternel.
Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.
Aide-nous à créer des sociétés plus saines et un monde plus digne,
sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres.
Que notre cœur s’ouvre
à tous les peuples et nations de la terre, pour reconnaître le bien et la beauté que tu as semés en chacun
pour forger des liens d’unité, des projets communs, des espérances partagées. Amen !