Historique
L'Ordre
L’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem est un ordre de chevalerie de droit pontifical. Il s’inspire des Croisades et est recréé en 1847 par volonté papale. C’est maintenant un ordre au statut d’association de fidèles catholiques reconnue par le Saint-Siège et qui œuvre pour aider la communauté chrétienne installée en Terre Sainte, aujourd’hui territoire d’Israël, de Palestine, de Jordanie et de Chypre. Sa devise est Deus lo vult, qui se traduit en français par Dieu le veut.
Deus lo vult, « Dieu le veut »
Le cri lancé en 1095 est devenu depuis la devise de l’Ordre. Le combat a changé, ce n’est plus un appel à prendre les armes. La devise appelle à la croissance spirituelle et au soutien des pierres vivantes que sont nos frères et sœurs de Terre Sainte. Avec ces pierres, qui tentent de vivre leur foi sur une terre meurtrie et déchirée, nous sommes appelés à former un solide assemblage.

Un vieux nom...
Ordre Équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem, voilà un nom qui étonne ! Faudrait-il le changer pour donner à l’association une allure plus à la mode ? Et quel paradoxe : Yerushalayim, Jérusalem en hébreu : « Ville de la paix » … vraiment ? En référence à un sépulcre en plus, ça ne fait pas très vivant, de quoi refroidir l’enthousiasme. Puis c’est un Ordre équestre, de chevalerie, fondé au XIe siècle. Lors de la réforme de l’Ordre il y a quelques années, l’épithète équestre a été remise en question, puis maintenue : elle honore l’ancienneté de l’Ordre. Aussi, la noblesse du cheval inspire. Et les mœurs chevaleresques gagnent à être redécouvertes, elles donnent du tonus pour la vie de l’Église et de la Société.
Finalement, ce nom est riche de valeurs et de traditions et il est porteur d’une belle histoire. Il met en relief un lieu crucial de la chrétienté, son point GPS : le sépulcre vide au matin de Pâques, là où la Vie triomphe. En ce lieu, les toutes premières communautés chrétiennes se sont rassemblées ; de là des disciples-missionnaires sont partis porter partout la foi en Jésus Christ. Des forces opposées, vigoureuses, rendent l’harmonie difficile. Mais « Mort, où est ta victoire? » (1 Co 15,55). Avec le sépulcre vide, Christ les a toutes vaincues.

...Tout plein d'histoire
Jérusalem, cette ville bénie n’a cessé d’être convoitée. La Bible est pleine de ses conquêtes, défaites et reconquêtes. Jusqu’à ce que les Hébreux perdent la Cité sainte aux mains des Grecs d’Alexandre le Grand et que les Romains la contrôlent au temps de Jésus. Au travers de ces luttes, Dieu façonnait son peuple. Histoires et légendes ne sont pas toujours claires, mais la tradition veut que, venue de Rome dès le début du IVe siècle, sainte Hélène fasse construire une basilique à Bethléem, puis à Jérusalem où elle aurait découvert la Sainte Croix.
Urbain II appelle à la croisade en 1095 pour libérer Jérusalem et venir en aide aux chrétiens de l’empire byzantin attaqués par les Turcs. Godefroy de Bouillon, mort en 1100 à Jérusalem, est reconnu comme l’un des premiers croisés, convaincu par Pierre l’Ermite. À la fin d’un discours enflammé du pape Urbain, le désormais bienheureux Pierre s’exclame : Deus lo vult ! Repris par la foule dès les premières croisades, ce cri de ralliement allait devenir la devise de l’Ordre dans une dimension spirituelle.
Peu enviables aujourd’hui et si discutables qu’en soient les motivations, les croisades font partie de l’histoire. De sauvages persécutions ont eu cours des deux côtés et il est certain que cette époque ne fut pas des plus évangéliques. Cette période ne peut être lue aujourd’hui que dans une compréhension de l’époque. Les motivations sont mêlées : élans mystiques, désir de repentance, volonté de préserver le tombeau du Christ s’entremêlent avec l’effort de papes d’assoir une autorité sur les sociétés civiles. Il faudra saint François lui-même qui, lors d’un séjour entre 1219 et 1220, rencontre le Sultan Melek el-Kamel. Après un esprit de guerre et de conquête à l’épée, François pose l’empreinte du dialogue, du respect envers les cultures différentes. Cet esprit sera long à se répandre mais il est instauré. C’est une étape importante vers le dialogue interreligieux.
Après la libération de Jérusalem en 1099, un Chapitre de Chanoines se développe sous l’impulsion de Godefroy de Bouillon. D’une communauté de prêtres responsables de la Basilique, on a rapidement réalisé qu’il était nécessaire que des laïques s’y joignent. Le service liturgique, l’accueil et la sécurité des pèlerins sont ainsi assurés. La tradition a toujours vu dans ces prêtres et ces laïques, au service des Lieux Saints, ceux qui donneront naissance à l’Ordre du Saint Sépulcre. Leur présence prend encore plus d’ampleur lorsque s’établit en 1103 le Royaume latin de Jérusalem. Ce n’est pas encore l’Ordre que nous connaissons aujourd’hui, mais les premiers adoubements se seraient tenus en 1150. Par contre, les premiers documents évoquant une investiture de Chevaliers datent de 1336. La prise de Saint-Jean d’Acre le 18 mai 1291 signe la fin du Royaume latin. Alors que l’Empire Ottoman s’établit au Moyen-Orient, prêtres et laïques retournent dans leurs pays respectifs. Des chevaliers adoubés dans la basilique du Saint Sépulcre de Jérusalem se retrouvent ainsi dans différents pays d’Europe.
Des Papes et du Patriarcat de Jérusalem
Depuis les débuts de sa longue histoire jusqu’à aujourd’hui, l’Ordre du Saint Sépulcre se développe sous l’autorité directe du Pape et bénéficie de sa protection. L’un après l’autre l’ont réorganisé, amplifiant ses privilèges au fil des siècles. Quelques faits marquants en témoignent :
Clément VI
Alexandre VI
Pie IX
Léon XIII
Pie X
Pie XI
Pie XII
Jean XXIII
Paul VI
Paul VI
Jean-Paul II
Consulta
François

La Lieutenance de Québec
Dans cette belle histoire, la nôtre. Mars 1926 à Montréal. Une 1ère lieutenance est créée au Canada. Mgr Louis Barsalina, Patriarche latin de Jérusalem et Grand-Prieur de l’Ordre préside l’investiture. Sa présence inscrit les lieutenances du Canada dans la longue histoire de l’Ordre du Saint Sépulcre.
4 juin 1929, une fondation à Québec. Quelques personnes du diocèse, membres à titre individuel, décident de se regrouper et de former ensemble le Chapitre de Québec de l’Ordre du Saint Sépulcre. Le cardinal Raymond-Marie Rouleau, archevêque de Québec, donne son accord et désigne M. J.-Ernest Côté comme 1er lieutenant. Le Patriarche latin de Jérusalem, informé de cet événement, reconnaît officiellement l’existence de cette nouvelle lieutenance de Québec, qui groupait déjà quinze chevaliers et deux dames.
Se succéderont comme lieutenants, nommés par le Grand Maître, MM Joseph Racine, Charles Engel, Jacques Côté, Joseph-Édouard Richard, Jacques Harbour, Jean-Claude Michaud et Mme Mireille Éthier. Le Grand Prieur de la lieutenance, lui aussi désigné par le Grand Maître, a toujours été l’Archevêque de Québec. Se sont ainsi succédés comme Grands Prieurs : Nosseigneurs Raymond-Marie Rouleau, Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, Maurice Roy, Louis-Albert Vachon, Maurice Couture, Marc Ouellet et Gérald Cyprien Lacroix.
Mai 1970. Un évènement important marque le début d’un renouveau dans la vie de la lieutenance de Québec : le cardinal Eugène Tisserant, Grand Maître, vient de Rome pour présider l’investiture de huit nouveaux membres. Le lieutenant et son conseil suscitent alors la formation de délégations dans les diocèses de Trois-Rivières et de Chicoutimi. Cela se fait avec l’accord de Mgr Georges-Léon Pelletier et de Mgr Marius Paré, évêques de ces diocèses. Ils seront remplacés plus tard par Mgr Jean-Guy Couture et Mgr Luc Bouchard. Ces deux sections diocésaines font partie de la lieutenance de Québec et sont bien vivantes. Elles ont des activités propres et aussi nécessairement communes avec l’ensemble de la lieutenance.
Différents cardinaux Grands Maîtres ont honoré notre lieutenance de leur passage au cours des années : Nosseigneurs Maximilien de Furstenberg, Giuseppe Caprio, Carlo Furno, John Patrick Foley, Edwin O’Brien. Mgr Michel Sabbah, Patriarche latin de Jérusalem et Grand Prieur de l’Ordre est aussi venu présider une célébration d’adoubement. Au cours des années les lieutenants ont participé, avec leurs collègues de nombreux pays, à des rencontres à Rome et dans différentes villes de l’Amérique, incluant Montréal et Québec. Notre lieutenance de Québec est ainsi très présente à la vie de l’Ordre. Elle se veut d’abord une communauté d’Église où se retrouvent des chrétiennes et chrétiens désireux de cheminer dans leur vie de foi. En conséquence, le soutien à la Terre Sainte leur tient à cœur.
Les évènements ont contribué à une réforme, en conformité avec l’esprit du Concile Vatican II. La lieutenance du Canada-Québec s’est peu à peu donnée un cadre d’activités vécues de façon régulière. La rencontre mensuelle est déterminante. Elle commence par une célébration eucharistique avec homélie, suivie d’un repas fraternel, d’une conférence et d’un partage sur la vie de la lieutenance. Diverses activités sont offertes au cours de l’année : une journée de récollection dans le temps du carême, une retraite dans des monastères, un pèlerinage dans les sanctuaires du Québec, quand ce n’est pas en Terre Sainte ou à Rome. Les sections diocésaines de Trois-Rivières et de Chicoutimi invitent tous les membres de la lieutenance à des rencontres. Quand un nombre suffisant de candidats se présentent, il y a grande fête, marquée par les célébrations de la Vigile et de l’Investiture. Elles ont traditionnellement lieu à la Basilique-Cathédrale de Québec et sont présidées par le Grand Prieur.
Les membres réalisent ainsi ce que proposent les statuts de l’Ordre :
Les activités des lieutenances sont vitales pour l’existence de l’Ordre équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem en général et pour la poursuite de ses objectifs et de ses idéaux. La vie de l’Ordre se réalise dans les lieutenances. Celles-ci sont les lieux où l’Ordre peut recruter et former ses membres, se nourrir de sa spiritualité, se renouveler dans la fraternité et l’amour des uns pour les autres, et témoigner de sa vitalité aux yeux de la société environnante.
Les membres se reconnaissent dans l’affirmation discrète du Cardinal Grand Maître Giuseppe Caprio au Cérémoniaire ecclésiastique, à la fin de sa visite à la lieutenance de Québec en 1990 : « J’ai visité de très nombreuses lieutenances et je ne puis m’empêcher de vous dire que les statuts de l’Ordre sont vécus avec une fidélité remarquable chez-vous et tout particulièrement le souci de la vie spirituelle ».